Journée d’études
Organisation : Laurence Giavarini et Elise Roussel (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB)
Présentation
Cette journée d’études a pour but d’interroger les pratiques de femmes qui écrivent et qui publient à l’époque moderne en envisageant ces pratiques à l’échelle de leur parenté. Neil Kenny (2020) a délimité, en lien et en confrontation avec la fonction auteur identifiée par Foucault, une « fonction familiale de la littérature » propre à la première modernité : une façon de transmettre la famille par l’écriture et la littérature, de transmettre la littérature au sein de la famille. On peut se demander comment cette fonction a été infléchie par la constitution du premier champ littéraire (Viala, 1985), et en quoi elle a été investie, utilisée, éventuellement détournée par des femmes.
Parce qu’elle constituait un des cadres sociaux de l’existence des femmes, la famille, entendue dans le sens large que travaillent l’anthropologie sociale et l’histoire, a été un des lieux d’exercice et de mise en scène de leur activité scripturaire, voire pour certaines d’entre elles d’une activité d’autrices. Nous proposons de questionner les logiques de la parenté à l’œuvre dans l’exercice féminin de la littérature, et de faire apparaître en particulier des pratiques de transmission du nom, des écrits voire des pratiques scripturaires ou de la famille même. Nous faisons ainsi l’hypothèse que la prise en compte de ces logiques permet de déplacer le regard et de prendre la mesure de pratiques et de situations différenciées dans le champ littéraire, en tension parfois avec d’autres espaces sociaux de l’appartenance.
Comment les femmes qui écrivaient se sont-elles (trouvées) inscrites dans ces logiques, qui impliquaient notamment pour elles les pratiques d’alliance par le mariage ? Le champ littéraire en formation a-t-il éventuellement été un des cadres de renforcement ou de contestation de ces logiques ? Comment les femmes s’en sont-elles saisies par leurs choix propres ? Jusqu’à quel point ont-elles pu en jouer dans les mises en scène de la parenté que leur permettait la littérature ?
Programme
- Laurence Giavarini et Elise Roussel (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB) :
Introduction de la journée
– Études de cas –
- Annalisa Nicholson (Oxford) :
Hortense Mancini (1646-1699) en exil et l’activité scripturaire de la famille Mazarin
- 11 h 15 – Caroline Mogenet (Université de Versailles, DYPAC) :
« Rendre à sa mémoire les honneurs qui lui sont dûs » : Antoinette Deshoulières (1638-1694) éditée par sa fille.
– Questions ouvertes sur « petits dossiers » –
- 14 h 00 – Audrey Duru (Université de Picardie Jules Verne, TrAme) :
Charlotte de Minut ou la magistrature au féminin (Toulouse, ca 1527-après 1597)
- Anaëlle Jobard (Université Lyon 3) :
La parenté fictive de Catherine Bernard
- Lucie Rousseaux (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB) :
Les « parentages » de Marie de Gournay
- Elise Roussel (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB) :
L’Héritier de Villandon : exposition d’une filiation
– Études de cas –
- 15 h 30 – Fanny Boutinet (Université Lyon 3, IHRIM) :
La stratégie familiale de publication à l’œuvre dans les écrits de Françoise Bertaut de Motteville
- 16 h 30 – Nathalie Freidel (Wilfrid Laurier University) :
Le milieu familial comme cadre de travail : Sévigné dans sa parenté »
- 17 h 30 – 18 h 15 – Discussion et clôture de la journée