Usages politiques de l’animalité

Sous la direction de Jean-Luc Guichet

Paris, L’Harmattan, 2008, 280 p.
ISBN : 978-2-296-05050-1

Le propos de cet ouvrage est d’examiner les différentes manières dont le thème animal – c’est-à-dire aussi bien les animaux dans l’individualité de leurs espèces que la notion diffuse d’animalité – a pu être utilisée – réellement, symboliquement, idéologiquement, philosophiquement – dans l’argumentaire des pouvoirs, et des pratiques et discours qui les soutiennent ou les interrogent. Déjà, les rois antiques font de leurs chasses les emblèmes redoutables de leurs capacités de conducteurs d’hommes, les bêtes domestiques fournissant pour leur part de parfaits modèles d’obéissance. Après les bestiaires fantastiques du Moyen Âge et la rupture de la Renaissance, les temps modernes modifient la donne en faisant passer l’animalité devant l’animal et ses figures. Perdant l’évidence à la fois de son ancestrale sociabilité et de son essentielle rationalité, l’animal humain se révèle – avec Machiavel, Hobbes, Rousseau, puis Nietzsche, Freud et les contemporains – de plus en plus rétif, se révélant d’une sauvagerie au fond définitivement irréductible. Alors, l’animalité reflue des animaux vers l’homme et tend à constituer une naturalité problématisant profondément le politique et l’idée de droit naturel. Les XVIII° et XIX° siècles, et enfin les sciences humaines, l’éthologie, la sociobiologie, l’émergence de biotechnologies et de biopouvoirs, prolongent et amplifient cette dimension animale tout en la chargeant d’une complexité nouvelle et parfois inattendue. Ainsi, loin de se réduire à de simples stratégies d’instrumentalisation, les usages politiques de l’animalité comportent une dimension d’interrogation critique prenant à partie l’ensemble de la pensée politique.

Table des matières

Introduction Jean-Luc Guichet

  • Face de roi. Assauts graphiques et crises de la représentation sous la monarchie de Juillet, Thomas Bouchet
  • Corrida, exécution capitale et pouvoir, Élisabeth Hardouin-Fugier
  • Bestiaire et animal politique chez Machiavel. Une inscription paradoxale et polémique dans la philosophie politique, Marie Gaille
  • Usages de l’animalité et politique de la Fable : la démarche d’écrevisse de La Fontaine, Jean-Charles Darmon
  • Variations politiques autour des chèvre-pieds de Diderot, Annie Ibrahim
  • Figures politiques de l’animalité dans la Cité grecque antique, Françoise Armengaud
  • L’animal politique des Lumières – Mandeville, Meslier, Buffon, Diderot, Jean-Luc Guichet
  • Le devenir-animal et la question du politique chez Gilles Deleuze, Éliane Martin-Haag
  • Favoriser l’envol de la « bête blonde » (Nietzsche, l’homme, l’animal et le surhumain), Blaise Benoit
  • Le loup, le monstre, le bourgeois. Trois interprétations de l’animalité humaine selon Hobbes, Julie Saada
  • L’animalité comme limite et comme horizon pour la condition humaine selon Hannah Arendt, Thierry Ménissier
  • L’Homme est-il le seul animal politique ?, Pascal Picq
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