Sous la direction d’Isabelle Marinone
Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, Collection « Cinémas », 2019.
ISBN : 978-2-35412-329-1
[Actes du colloque « Les Archives de la Planète d’Albert Kahn » : une entreprise photographique et filmique, visionnaire et politique des 4-5 décembre 2014]
Au début du XXe siècle, le banquier Albert Kahn place toute sa fortune dans la constitution d’une collection unique de films et de photographies couleur (autochromes) : les Archives de la Planète. Au cours des missions et d es années, Kahn envoie de par le monde des opérateurs recueillir les marques de l’activité humaine partout sur le globe.
Caprice de grand bourgeois ? Les actions de cet ami d’Henri Bergson suggèrent bien d’autres buts, bien d’autres intentions. Albert Kahn est profondément travaillé par un idéal de fraternité et d’accord entre les hommes qui attire l’attention de ses contemporains. Films et photographies aident à la construction de cette utopie cultivée : pour Albert Kahn, il s’agit de remonter à contrecourant les forces qui défont le monde, et de lutter contre ceux pour qui la paix est synonyme de faiblesse. La guerre ayant pour fonction la « destruction illimitée » du vivant, el le ne peut rester une « possibilité digne de l’Homme ». Afin de la supprimer, il faut déployer la connaissance des nations et des peuples et pourvoir à leurs échanges.
Albert Kahn invite un public sélectionné (scientifique, artiste, politique) dans sa propriété de Boulogne pour assister à ses projections afin de voir et de comprendre « l’état du monde » et ainsi lui permettre de réfléchir et d’engager les solutions nécessaires aux divers maux de la Planète. Les productions visuelles d’Albert Kahn visent alors la modification des représentations, des idées, des comportements, dans le but de renforcer les solidarités.