Sous la direction de Philippe Poirrier
Le festival, manifestation culturelle éphémère inscrite dans un calendrier le plus souvent annuel, s’est progressivement imposé dans toute l’Europe, et bien au-delà. Les premières tentatives de cette forme d’organisation et de médiation culturelle, mises en œuvre dès les années 1830-1840, sont liées au mouvement orphéonique, avant d’être utilisées par la musique savante. Le Festival Beethoven de Bonn (1845), les Chorégies d’Orange (1869), les festivals de Bayreuth (1876) et de Salzbourg (1920) deviennent des étapes pour les mélomanes européens. Les festivals internationaux de Berlin (1951), de Cannes (1946) et de Venise (1932, reprise en 1946) rythment la saison cinématographique, deviennent des lieux majeurs de reconnaissance artistique, pour les réalisateurs comme pour les acteurs, et s’affirment comme des événements médiatiques, suivis par l’ensemble des médias. Les festivals nord-américains de Monterey (1967) et de Woodstock (1969), les festivals britanniques de l’Ile de Wight (1968-1970), hauts lieux de la contre-culture, du mouvement hippie et de la musique pop, frappèrent les contemporains, et seront enregistrés par la postérité, confortée par les captations filmiques et les éditions des enregistrements, comme des repères de l’histoire culturelle du XXe siècle. Issu du domaine musical, le festival a été ensuite mobilisé par l’ensemble des secteurs artistiques et culturels. Les arts de la scène, le spectacle vivant, les différentes formes musicales et le cinéma constituent des domaines privilégiés. Le Festival international de Géographie de Saint-Dié (1990), Les Rendez-vous de l’Histoire de Blois (1998), le Festival d’Histoire de l’art de Fontainebleau (2011) confirment cependant que la forme festivalière peut s’adapter à des objets culturels très variés, à la frontière de la médiation culturelle et des disciplines académiques. Des fêtes traditionnelles, comme la Fête des Lumières de Lyon, s’affichent désormais comme des festivals. Mais, comme le souligne le politiste Emmanuel Wallon, « c’est à partir de la fin des années 1960 qu’il s’impose comme un dispositif des plus évolutifs, adaptable aux exigences, difficiles à concilier, des différentes classes d’acteurs publics et privés »…