Sous la direction de Maud Navarre et Georges Ubbiali
[Publication électronique]
Durant de nombreux millénaires, la mise en couple et le mariage s’accompagnaient de la procréation d’enfants. Demeurer stérile, pour un couple, correspondait à un drame personnel (cause de répudiation dans les temps anciens) et une réprobation sociale de la part de l’entourage. Certes, des figures sociales de la femme non-féconde existaient au sein des sociétés, cas exceptionnels et valorisés en tant que tels. Que l’on songe par exemple aux religieuses, dont la définition même s’inscrivait dans une norme explicite de non-reproduction. La vie communautaire et l’oblation à la divinité suppléaient en quelque sorte l’absence d’enfantement pour ces femmes. D’autres cas de figures pourraient également être mobilisés, correspondant à ce que Max Weber caractérisait comme une autorité charismatique, figure largement masculine, mais que par exception des femmes pouvaient endosser. C’est ainsi le cas de Jeanne d’Arc, improbable chef de guerre, dont le statut s’est accompagné d’une interdiction de sa fonction reproductive. Pour rares qu’elles soient, ces figures de femmes sans enfants n’en parcourent pas moins la totalité de l’histoire européenne (que l’on songe à la personne de Marie Stuart, magnifiée par le roman de Stefan Zweig)…