À l’origine de l’identification de l’espace pernandais, la place et l’organisation des activités vitivinicoles structurant les grands équilibres du village ne semblent pas composer de réelles singularités communales distinctives. L’entité viticole retenue et les acteurs qui l’animent illustrent au seuil du XXe siècle le modèle prévalant dans toute la Côte bourguignonne des petits centres tout entier placés dans l’orbite du commerce local. L’apparente absence du négoce à Pernand traduit en cela la force d’un ordre marchand toujours triomphant. Pourtant, le rapide basculement des principes de sa domination fonde les conditions d’une reconfiguration complète de l’identification vitivinicole du village. Cette présentation propose de saisir l’importance de la recomposition à l’œuvre à travers la compréhension de l’impact du rôle du commerce dans l’identification de l’espace pernandais. Il s’agira d’aborder la question des échelles d’analyse, des réseaux d’acteurs, des normes et des références structurant ce territoire au moment du passage de l’ordre marchand vers l’ordre foncier.
La mémoire de Jacques Copeau s’associe-t-elle spontanément à l’espace pernandais ? Si le succès au cours de la décennie 1990 des rencontres Jacques Copeau semble symboliser l’accord des tréteaux et des vignes, l’examen du dossier conservé à la Bibliothèque universitaire de Dijon, déposé par sa fille Catherine Dasté, et intitulé La maison de Jacques Copeau à Pernand-Vergelesses, invite à nuancer cet accord et discuter plus longuement l’enracinement mémoriel du théâtre autour de Jacques Copeau dans l’espace pernandais. Tissée à partir des formes multiples que revêt tour à tour ce dossier de 101 feuillets – entre livre d’or, chronique familiale et preuves testimoniales en vue du classement par l’Etat de la maison–, l’analyse repère les différentes facettes mémorielles encadrant la présence de Jacques Copeau à Pernand-Vergelesses. Conçue comme une étude de cas où la pesée importe plus que le résultat (Carlo Ginzburg, "Réflexions sur une hypothèse", postface à Mythes, emblèmes, traces. Morphologie et histoire, Lagrasse, Verdier, 2010 (1989).), cette communication souhaite poser l’un des premiers jalons d’une approche dans l’horizon de l’histoire culturelle de l’espace pernandais, entre théâtre, viticulture et politique, donc.