Sous la direction d’Annie Bleton-Ruget et de Philippe Poirrier
Paris, Editions Le Manuscrit-MSH de Dijon, 2006, 281 p.,
ISBN : 2-7481-8196-4.
L’ouvrage, édité par les éditions Le Manuscrit, est disponible en version papier (21,90 €) et électronique (7,90 €)
La période de l’entre-deux-guerres marque une étape importante dans la structuration du champ intellectuel, tout particulièrement dans un domaine en cours de constitution : celui des sciences humaines. L’histoire telle que la pratique alors la revue des Annales, la géographie humaine héritière de Vidal de la Blache, l’ethnographie de la France qui cherche ses marques offrent un terrain sur lequel éprouver cette complexité, repérer les stratégies de démarcation et apprécier les apports respectifs. Ce domaine de recherches, qui se structure à l’échelle nationale, porte également très fortement la marque de son temps dans une attention nouvelle accordée au poids des déterminations sociales, au rapport à l’histoire et à la contemporanéité, à la recherche de nouvelles formes épistémologiques.
Ces tâtonnements autour de sciences humaines naissantes se sont aussi faits à une autre échelle. Plus provinciale, moins scientifiquement revendiquée et moins distanciée par rapport à des contextes sociaux et politiques proches, la personnalité et l’itinéraire de Gaston Roupnel illustrent un tel cheminement, à travers une œuvre multiforme. La publication des interventions au colloque Le temps de sciences humaines.
Gaston Roupnel et les années Trente apporte une nouvelle contribution à la compréhension des enjeux d’un contexte dans lequel les sciences humaines tentaient de fonder leur légitimité. La figure de Gaston Roupnel offre une bonne entrée sur ce qui constituait l’univers partagé de la science, de l’opinion, voire du projet politique, ainsi que sur les conditions d’une reconnaissance officielle dans le champ des sciences de la société.
Annie Bleton-Ruget est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bourgogne. Historienne ruraliste, ses travaux s’organisent autour de l’étude des processus de constructions territoriales dans la France contemporaine, dans une démarche qui croise l’histoire sociale, l’histoire politique et l’histoire culturelle. Elle a notamment co-dirigé Pays et territoires, De Vidal de la Blache aux lois d’aménagement et de développement du territoire.
Philippe Poirrier est professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Bourgogne. Ses recherches portent sur l’histoire culturelle de la France contemporaine. Il a notamment publié Aborder l’Histoire (Seuil, 2000) et Les enjeux de l’histoire culturelle (Seuil, 2004).
SOMMAIRE
- Préface – Serge Wolikow
- Introduction – Annie Bleton-Ruget
- Les enjeux de la “ruralité” dans l’entre-deux-guerres : pratiques savantes et usages idéologiques – Annie Bleton-Ruget
- Le Régionalisme de Gaston Roupnel, 1931-1945 – Philip Whalen
- À rebrousse racines. Les chroniques littéraires de l’École Émancipée (1929-1939) – Vincent Chambarlhac
- Des Burgondes au Téméraire : Johannes Thomasset et le mythe bourguignon – Alain Rauwel
- Géographie de la campagne française : les trente glorieuses – Ronald Hubscher
- De l’usage de l’agrarisme de Roupnel : Passeur malgré lui ? – Jean Vigreux
- Entre littérature et objet ethnologique, “Nono” ou la construction du vigneron comme archétype de la culture locale – Marion Demossier
- Le marché secondaire des postes universitaires : Gaston Roupnel ou les contraintes du recrutement local dans l’entre-deux-guerres – Gilles Laferté
- Gaston Roupnel et le paysage : imaginaire et rationalité – Jean-Jacques Wunenburger
- L’oubli historiographique : la postérité historienne d’”Histoire et destin” de Gaston Roupnel – Philippe Poirrier
- Une leçon de solitude – Jean Libis
- Conclusion – Philippe Poirrier