Sous la direction de Laurent Martin et Philippe Poirrier
En mai 2012, lors de la cérémonie de passation des pouvoirs, la nouvelle ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, n’a pas manqué de souligner le « dessein politique » qui légitime la politique culturelle en France :
« ce dessein politique, au sens le plus noble du terme, qui consiste et qui consistera pour moi à œuvrer pour que la culture, pour que les arts soient accessibles au plus grand nombre, pour que tous les enfants de France et que pour tous les Français d’où qu’ils viennent, où qu’ils vivent, quelle que soit leur formation, leur parcours, leur cursus, quel que soit leur niveau d’études auquel parfois on le sait c’est aussi la malchance qui ne leur a pas permis d’atteindre, eh bien que tous les Français aient accès à ces merveilles de l’art et de la culture, à cette ouverture sur la curiosité des belles choses du monde (sic) ».
Interventions de Frédéric Mitterrand et de Aurélie Filippetti lors de la passation des pouvoirs, le 17 mai 2012.
Sous le gouvernement précédent, la thématique de « la culture pour chacun », lancée par le ministère de la Culture, avait suscité un large et vif débat : une nécessaire adaptation de la doctrine du ministère pour ses promoteurs ; abandon de la culture pour tous selon les contempteurs de la politique initiée par Frédéric Mitterrand. La « démocratisation » de la culture – par-delà la polysémie de la notion – a en réalité été largement mobilisée par les acteurs des politiques culturelles, depuis le décret fondateur de 1959 qui définit les missions du ministère des Affaires culturelles, confié à André Malraux. L’échec présumé de cette ambition est, depuis deux décennies, au cœur des débats qui, de manière pérenne, concernent le bilan, l’action et l’avenir du ministère de la Culture. Mais la focalisation de l’historiographie française sur la situation nationale a contribué à naturaliser cette configuration, même si l’approfondissement de ce chantier reste d’actualité.