Sous la direction de Jean-Louis Tornatore
Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, coll. «Ethnologie de la France », 2019
ISBN : 978-2-7351-2471-8
Cet ouvrage collectif vient à un moment où l’activité patrimoniale a largement débordé ses institutions officielles et où sa couverture par les sciences humaines et sociales a pris une consistance certaine. En dix textes et au moins autant de situations, en France, à Rhodes, à Tonga, en Uruguay et en Colombie, il donne à saisir des « implications anthropologiques » de et dans l’exploration de cette activité, à partir desquelles se dessinerait un fil conducteur permettant de parcourir, sans la réduire, sa grande hétérogénéité.
Qu’on la prenne sous l’angle de l’irruption du patrimoine dans les terrains (de jeu) des anthropologues ou bien sous celui de la constitution du patrimoine en un domaine singulier de recherche, l’anthropologie du patrimoine apparaît inséparable des interrogations récurrentes sur la catégorie de culture : sur son institution, sur sa mise en scène, sur sa spectacularisation, sur les façons de l’écrire comme sur la critique de son pouvoir de purification, de hiérarchisation ou de domination.
Que montrent ces écritures anthropologiques de patrimoines ? Qu’en se frottant aux expériences du passé, de la culture, religieuse ou profane, de la quête de reconnaissance, de la mémoire des violences de guerre, de la discrimination sociale, de la ruine des choses du monde, les anthropologues font l’expérience du patrimoine, instrument politique aux multiples fonctions : contrôle, aménagement, restauration, réparation, reconnaissance…
Sommaire
- Introduction. Expériencer le patrimoine (Jean-Louis Tornatore)
Au patrimoine, etc. !
- Au miroir de la médiation : le présent du patrimoine (Sylvie Sagnes)
- Culture et « culture » religieuse. Manuela Carneiro da Cunha chez les catholiques
(Cyril Isnart) - « Experts » et « communauté » dans la définition du patrimoine culturel immatériel : le cas du lakalaka tongien (Aurélie Condevaux)
- Quand le patrimoine fait (la) ville. Le passé dans les luttes pour l’espace en Uruguay (Ariela Epstein)
- La production numérique du patrimoine par des amateurs en réseaux. Le cas des pratiques d’exploration et d’exposition de friches industrielles (Sarah Rojon)
La clinique, et après ?
- De l’efficacité des ruines. Patrimonialisation et sanctification de Bellavista, village noir détruit (Chocó, Colombie) (Anne-Marie Losonczy)
- À propos d’une candidature Unesco et de l’organisation des publics. Retours critiques sur les réglages du dossier du Biou d’Arbois (Flavie Ailhaud & Noël Barbe)
- Les mémoires des migrations au musée ? Questions patrimoniales et dynamiques anthropologiques (Hélène Bertheleu & Véronique Dassié)
- Démocratie patrimoniale et figures de l’immigré (Noël Barbe, avec la collaboration d’Émilie Notteghem)