Sous la direction de Guillaume Coqui et Charles Braverman
Cahiers Gaston Bachelard n° 16
LIR3S UMR 7366 CNRS uBFC, DIJON, 2021.
ISSN : 1292-2765 – ISBN : 978-2-918173-25-0
20,60 €
Chez Bachelard, dès La Formation de l’esprit scientifique, le concept de rupture épistémologique concerne avant tout les rapports entre observation et expérimentation, autrement dit entre le sens commun ou connaissance commune et la connaissance scientifique. La question des rapports des constructions théoriques au sens commun se pose de manière aiguë non seulement dans le cas des sciences dites « dures » (où l’on peut d’ailleurs soutenir que le sens commun est sujet d’une histoire que détermine en grande partie la science), mais également dans celui des sciences humaines et sociales, où il est plus difficile de penser et de défendre une rupture radicale avec la connaissance commune.
Mais elle se pose également dans la pratique de l’histoire des sciences, ne serait-ce que dans la mesure où celle-ci est solidaire, sinon tributaire, d’une épistémologie, d’une conception de la connaissance voire de l’esprit (l’analyse systématique des obstacles et des ruptures sert chez Bachelard un projet de « psychanalyse de la connaissance objective »). Enfin, la discontinuité ne se laisse pas uniquement penser diachroniquement au sein d’une discipline unifiée, mais elle intéresse la question de l’unité des sciences : la lumière d’une même découverte peut en quelque sorte se trouver diffractée par la diversité des champs qu’elle touche.